Histoire des Felsins

Contrairement aux autres peuples des Rivages, nous n'avons pas ni légendes ni souvenirs sur les temps ayant précédé l'histoire. Comme nous l'avons appris douloureusement plus tard, nous n'existions même pas alors que les ancêtres des peuples des Maisons prospéraient sous l'égide d'entités surpuissantes, proches des dieux Gehemdals. Comment imaginer que certains d'entre nous fouillaient la boue à quatre pattes et poussaient des grognements de joie lorsque leur maître leur donnait des reliefs de repas ? Comment imaginer que nous, Felsins, les plus dignes et fiers représentants des Rivages sommes les chiens, les porcs et les boucs de ces arrogants Danjins.

Depuis des siècles, les sages et les guerriers de notre maison cherchent la solution à la malédiction qui nous frappe, ce grand vide qui nous empêche de connaître nos origines.

Le grand Oubli

Notre histoire débute dans la souffrance et le sang. Un matin, que beaucoup considèrent dorénavant comme le premier de notre civilisation, notre Maison s'éveilla dans la douleur et un même hurlement rauque, sorti des gorges de milliers de Felsins brusquement éveillés à la conscience, salua cette nouvelle aube. Des milliers d'individus, sans mémoire, sans liens familiaux, sans structure sociale erraient dans les larges avenues bordées de magnifiques palais que nul ne se souvenait avoir construit. Rapidement, les errants se rassemblèrent en petits groupes dirigés par des individus plus forts ou plus malins, luttant entre eux pour de la nourriture, un abri sûr dans un des palais ou un point d'eau. La première guerre civile felsine débuta ainsi, dans toutes les anciennes métropoles où l'espace vital manquait, quelques jours seulement après l'éveil de notre peuple. Elle fut terrible, tuant jeunes et vieux sans discernement, amenant avec elle cannibalisme, épidémie, esclavage et cruauté. Puis, les groupes restants réapprirent à se servir des armes complexes trouvées dans certains bâtiments et lancèrent des raids sur les communautés rurales qui tentaient tant bien que mal de retrouver l'usage des outils agricoles. Certains pillards s'installèrent loin des villes, créèrent de petits fiefs fortifiés et s'empressèrent de faire la guerre à leurs voisins.

Cette situation chaotique dura environ 250 ans durant lesquels le territoire de la maison fut le théâtre de pièces macabres jouées par des brutes à peine sortis de la barbarie. Au bout de cette période, le calme était revenu, un ordre social avait été établi, et un sultan, conseillé par une mystérieuse sibylle régnait sur l'ensemble des peuples de la Fel'sina, la côte de la mer des Lames, depuis Kashmin. Néanmoins, le pays était toujours morcelé en des centaines de petits royaumes, khanats et principats.

Naissance d'une nation

De petites guerres en annexions, la Maison felsin voyait lentement le jour. Le sultan Aq Sonqor, sagement conseillé, chercha à se lier les grands seigneurs, par le sang, l'or ou l'honneur. Il établit des routes sûres, écartant les seigneurs trop turbulents et permettant la redécouverte des autres Maisons. Cherchant à rattraper le retard technologique de sa Maison, il encouragea les jeunes gens à partir explorer les Rivages et l'on vit bientôt des hordes de jeunes felsins assoiffés de connaissances posant de nombreuses questions sur les techniques artisanales, militaires et architecturales. Les contacts furent nombreux avec les Ulmèques et les Kheyza et de nombreuses caravanes sillonnaient le désert de Zar. A cette époque on acquit la certitude que les felsins n'étaient pas comme les autres peuples puisqu'aucune naissance ne pouvait avoir lieu avec un seul parent felsin. Se sentant différents, les premiers felsins étaient des êtres amers, sans passé, marqués par une philosophie pessimiste. Touchés par leur amnésie, de nombreux felsins émigrèrent sur Sasheï pour s'imprégner de la sagesse de cette mystérieuse devineresse, l'Astramance. Au cours des années, un courant mystique parcourut la maison, faisant vaciller le pouvoir du Sultan, déjà rendu précaire par les rumeurs d'invasion gehemdale. Aussi, lorsque les Midrachs vinrent à Kashmin en 3720 AC, il accepta avec empressement leur traité d'alliance et leur conseil de bannir l'Astramance sur une île avec ses adeptes, tout en l'incorporant aux mythes kheyzas. Fortifiés par cette alliance, Aq Sonqor entreprit la conquête des principats situés autour de Kashmin, rassemblant la première force des Rivages.

Le premier Empire

Malheureusement pour les Midrachs, Sonqor périt assassiné par son cousin Bahaeddin qui n'honora jamais le traité d'alliance. Lorsqu'à son tour, il fut assassiné par un de ses eunuques et remplacé par son fils Areddin, vil pantin aux ordres de Vizir achetés par l'or gehemdal, l'empire de Sonqor, morcelé et jeté en pâture aux favoris de Bahaeddin, n'existait plus. Lors, la Maison s'enfonça dans la décadence, imitant la cour du sultan, alors que les légions gehemdales soumettaient successivement les Venn'dys, les Ashragors et les Kheyzas. Voyant que leur Sultan ne saurait lutter contre l'Empire, les maîtres de l'Ordre du Tigre le firent empoisonner en 3700 AC et le remplacèrent par un jeune noble ayant fait son noviciat dans un de leurs monastères. Apprenant la reddition des Ulmèques , le nouveau sultan, Eshmi al Mansour, entreprit immédiatement de fortifier sa Maison, sachant parfaitement qu'il était le dernier obstacle à l'hégémonie gehemdale. Les deux nations commencèrent à masser des troupes près de leur frontière, Eshmi devant convaincre les seigneurs et les maître d'ordres de lui donner des troupes, alors que l'empereur n'avait qu'à ordonner. A la prime ardence 3696 AC, une délégation gehemdale vint formellement demander la reddition de la Maison felsin. Malgré l'insistance de ses femmes, Eshmi refusa l'offre et ceignant son armure écarlate, partit vers son destin.

Sur la plaine de Kashmin, des millions d'hommes attendaient avec anxiété que les généraux les envoient à la mort. D'un côté, les armées hétéroclites d'Eshmi, rassemblement de troupes féodales, de guerriers des premiers ordres combattants et de levées paysannes. De l'autre, moins nombreux mais mieux équipés, les régiments subtilement ordonnés de l'empire, composés de troupes redoutables tels les Voltigeurs Kheyza, les Phalanges Gehemdales ou les Frondeurs Ulmèques. Tirant son takshir, Eshmi s'apprêta à donner le signal de l'assaut qu'il devinait suicidaire lorsqu'une femme vêtue de bleu, que personne n'avait remarqué s'approcha de lui et lui murmura quelques mots. Transfiguré par ces paroles, Eshmi ordonna qu'on envoie un émissaire auprès de l'empereur et le soir même signait la paix liant le sort de sa maison à celui de l'empire.

Incorporés dans l'empire, les felsins semblent retrouver une certaine sérénité, faisant maintenant partie d'un tout aux règles précises. Leur culture profite énormément des apports des impériaux, qui relancent le commerce, construisent des routes et des ports, bâtissent des aqueducs, et favorisent les felsins dont la culture martiale ressemble à la leur. Les felsins s'imprègnent de philosophie guerrière gehemdale, incorporant dans leur culture les concepts de ruse, de vaillance et de bravoure, en les poussant à l'extrême.

Oublier c'est mourir un peu - Aphorisme felsin

Dernière modification : jeudi 8 juin, 2000

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