Obo, la rose du désert.
Obo est construite aux portes du désert, à l'extrémité de plusieurs routes commerciales. Une des premières choses que voient les voyageurs est l'amalgame de tentes et de cahutes, tel un rempart de peau et de bois construit par les nomades venus commercer en ville. Ce quartier déborde littéralement de vie, offrant au visiteur mille saveurs et mille odeurs exotiques. On y croise des gens issus de toutes les peuplades du désert et chacun essaie de vendre peaux, bijoux, pierres précieuses ou esclaves.
Une fois sorti de cet anneau barbare comme le nomment les habitants de la cité, on pénètre dans les quartiers qui ont fait la réputation d'Obo, les quartiers des artisans. En effet, Obo fournit en artisanat simple et usuel presque tout le territoire de la maison, les artisans de Kashmin préférant l'art fragile au travail solide. Les corporations sont toutes mélangées les unes les autres, sauf bien sûr les corporations des tanneurs, des blanchisseurs et des éleveurs de chameaux qui possèdent chacune un quartier entouré d'une palissade de bois. On dit qu'à Obo, la basse ville est comme un animal : bruyant, sale et puant. En effet, entre les cris des marchands, les tintements des forges et les brames des animaux, nul ne peut rester insensible à la vie qui court dans ces quartiers ouvriers. A noter que les Kheyzas sont ici mélangés à la population et que s'il occupent un ghetto, rien ne le distingue d'un quartier normal, si ce n'est la chaîne symbolique tendue en travers de la rue principale à la nuit tombée.
En s'enfonçant dans le dédale de maisons basses blanchies à la chaux, on peut découvrir des placettes inondées de soleil où de nombreuses tavernes servent des boissons fraîches aux travailleurs. En revanche , au coucher du soleil, ce quartier si bruyant le jour devient triste et silencieux et la nuit n'est souvent troublée que du hurlement d'un chien errant. De nombreux voyageurs se demandent d'ailleurs si les felsins d'Obo ne sont pas des gehemdals déguisés…Les seuls à animer un peu cette morte cité sont les marins fraîchement arrivés qui ne savent pas encore le prix que les habitants accordent à leur tranquilité…
En poursuivant sa route, sûrement plus léger de quelques guilders, le voyageur arrivera au pied de la muraille défendant le cœur d'Obo. Cet ouvrage immense, construit au 2eme millénaire pour résister aux tribus nomades, est l'œuvre de Saadi Al'Kelid, architecte de génie. Le plan général de la muraille suit la forme d'une rosace gigantesque centrée sur le palais, chaque branche soutenant les autres. Ce plan permet d'isoler les quartiers conquis et de concentrer les défenses sur les cercles intérieurs, rendant la progression de l'armée ennemie de plus en plus difficile. En revanche, cet immense forteresse demande un entretien constant qui engloutit chaque année une bonne part des impôts récoltés, mais aucun habitant de la Rosace ne voudrait voir disparaître la fierté de la ville. Une fois franchie une des rares portes perçant la Rosace, le voyageur notera immédiatement le changement d'ambiance. Ici, chaque individu est armé et porte le même air de détermination sur le visage. En effet, seuls les guerriers et leurs familles peuvent obtenir un droit de résidence. Cet état de fait est la réminiscence d'un édit promulgué par un calife du 3eme millénaire qui craignait de manquer de bras en cas d'attaque venant du désert.
De plus, chaque ordre, du plus insignifiant comme la Colombe jusqu'au plus puissant comme le Tigre possède au moins un membre dans la Rosace. La vie, rythmée par les complots entre ordres, les duels d'honneur et les attaques de corsaires, y est tout sauf monotone. Dans la Rosace en elle-même, on trouve peu de commerces ou de marchands, les habitants d'Obo intra muros préférant s'approvisionner à l'extérieur de la ville. Contrairement aux faubourgs, la Rosace est surtout une ville nocturne. Lorsque le soleil se couche, les combattants libèrent la tension de la journée, dans les tavernes pour les plus frustres, sur les lices pour les perfectionnistes ou dans de longues promenades méditatives pour les plus sages. Au centre de la Rosace trône le palais de l'ancien calife, occupé maintenant par la famille Hayyidi. Ce palais est le seul vestige Danjin ayant résisté aux invasions barbares, une sorte de temple dédié à une femme majestueuse. On peut dès lors comprendre que le pèlerinage à l'Astramance ait une telle popularité parmi les habitants d'Obo. Le palais lui-même est constitué d'une courte pyramide de pierre ocre à laquelle sont adossés les dépendances.
L'homme libre ne s'embarrasse de rien, pas même de l'honneur - Proverbe Ashragor
Dernière modification : jeudi 8 juin, 2000